Frédéric Bizet est le créateur
et le rédacteur en chef du seul magazine français
consacré entièrement aux jeux de société
: Jeux en Boite.
Walinette : Peux-tu en quelques mots te présenter
et nous présenter ton parcours dans le monde du JdS
?
Fred Bizet : J'ai découvert les
jeux de société au milieu des années
80 (Baston, Junta…) mais je jouais encore beaucoup
au jeu de rôle. Le pratique régulière
des jeux de société s'est faite pendant mon
service militaire. Plus assez de temps pour jouer au jeu
de rôle, je suis donc passé au jds. Je jouais
avec des appelés et des gradés. J'ai d'excellents
souvenirs de Formule Dé jeu que l'on pratiquait le
midi avant que l'on nous interdise d'y jouer dans les bureaux.
Jouer ne faisait pas assez sérieux pour des militaires.
Puis j'ai découvert les jeux allemands au milieu
des années 90 grâce à Oya. J'ai fini
par abandonner ma thèse de géographie pour
me lancer dans la vente par correspondance de jeux allemands
avec Ludothéo. Ça n'a pas vraiment marché
comme je le souhaitais ? et j'ai du arrêter pour me
lancer ensuite dans Jeux en Boite.
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W : Tu as d’autres activités en parallèle
de JeB ? (j’ai entendu parler de traductions pour des éditeurs
américains)
FB : Je bosse pour Millennium pour des traductions
de jeux dont les jeux Fantasy Flight Games. Je travaille un peu
pour Gigamic.
W : Comment t’es venue l’idée de créer
un magazine sur ce sujet ?
FB : C'est en lisant Games, Games, Games que
j'ai vraiment eu envie de voir un magazine comme celui-ci en français.
D'ailleurs la première maquette de JEB est largement inspirés
de ce magazine britannique qui n'existe plus je crois.
W : Comment as-tu choisi t’appeler ce magazine
Jeux en Boite ?
FB : C'est un ami et cofondateur de Robinwood
Corparation qui a trouvé le nom et on l'a adopté
rapidement. Avec le recul je trouve que c'est un excellent choix.
W : Quand on pense JeB on pense tout de suite Fred Bizet,
peux-tu nous parler des gens qui travaillent avec toi sur le magazine
et nous expliquer comment se sont faites les collaborations ?
FB : Il y a d'abord les amis proches Nicolas
Doguet, Christophe Dufaux et Yves Paploray que je vois régulièrement
et qui forment le FLAN. Les trois sont des passionnés comme
moi de jeux de société. Les activités professionnelles
ont un peu éloignées Christophe et Yves qui ont
moins de temps pour participer à l'élaboration de
la revue. Nicolas est resté très impliqué
dans la revue. Je ne me rappelle plus des arrivées précises
des autres collaborateurs réguliers. Je sais que j'ai contacté
Bruno Faidutti, Loïc Boisnier et Vincent Calame. Ensuite
des lecteurs ont proposé de participer (Jean Marc Tribet,
Chrsitain Escandell, Alin Talma…) que l'on retrouve plus
ou moins régulièrement. Il y a ensuite eu Thomas
Provoost qui collabore régulièrement depuis. Puis
Rodolphe Pueyo qui corrige les articles. Et enfin le dernier arrivé
est Ludovic Gimet. J'ai aussi reçu l'aide précieuse
d'Eric Tixier qui est l'auteur de la maquette actuelle et de Régis
Bonnessee (hexagames.com) pour la couverture. Sean d'Ankou m'a
proposé de faire connaître la revue via son site.
Merci à tout le monde !
Je ne sais pas où va me mener l'aventure de Jeux en boite
mais j'aurais eu la satisfaction de rencontrer plein de gens passionnants
et passionnés.
W : D’ailleurs, sur les fiches des jeux on peut
lire la note du rédacteur de la fiche et le note JEB, peux-tu
nous dire qui compose l’équipe « permanente
»
FB : La note JEB correspond à la moyenne
des dix testeurs (autre que l'auteur de la critique) que l'on
retrouve dans le tableau final. Il n'y a pas à proprement
parler d'équipe permanente pour la rédaction des
articles à part Nicolas Doguet qui a été
de tous les numéros. Il y a un noyau dur, les gens cités
précédemment.
W : Comment sont définis le thème et les
dossiers de chaque magazine ?
FB : De façon très informel comme
quand Frédéric Taton me propose un article sur les
jeux de trains ou quand Jean Marc Tribet m'envoie un dossier jeux
cochons. On a quand même préparé une liste
de dossiers à réaliser avec Nicolas mais pour le
moment on en a réalisé assez peu.
W : Et comment choisissez-vous les jeux qui y seront
critiqués ? envoi des éditeurs ? nouveautés
? par rapport au thème ?
FB : D'abord en fonction de ce que l'on achète
et donc essentiellement des nouveautés, puis les jeux envoyés
par les éditeurs. J'ai parfois du acheter certains jeux
comme Tir et But (le jeu de dés de TF1) pour le dossier
foot mais les achats se font librement.
W : La taille et le prix de JeB (5€ contre 5,35€
auparavant) ont été revus à la baisse, mais
la fréquence de parution a été augmentée,
qu’est-ce qui a motivé ce choix après une
douzaine de numéros ?
FB : Dès le départ on avait prévu
de faire 10 numéros par an. Mais bon, c'était un
peu présomptueux (quoi que…) et après une
période rodage, on a décidé d'en faire 8
par an. Ça permettait de mieux coller à l'actualité,
d'avoir plus de pages pour perler d'autres chose que les nouveautés.
Et ça permet de se roder pour savoir si l'on peut en faire
10 par an ?
W : JeB a plus de 2 ans ( ?) et en est à son 16ème
numéro, pourtant sa diffusion reste confidentielle (boutiques
spécialisées), penses-tu que sa « spécialisation
» (100 % jds) lui interdise une voie de distribution plus
classique (marchands de journaux) et un tirage en conséquence
?
FB : Il n'y aura jamais de distribution dans
les kiosques pour Jeux en Boîte. Je pense qu'un magazine
consacré uniquement aux jeux de société ne
peut avoir un tirage qui lui permette d'aller dans ce réseau
de distribution. Hormis les jeux vendus en grande surface, vendre
5000 exemplaires d 'un jeu en France est une réussite.
Au delà c'est un succès. Ce sont des chiffres à
prendre en compte pour réaliser une revue. Comme je ne
vois pas l'intérêt de faire un magazine sur les jeux
du type Docteur Maboule et autre Monopoly, je pense qu'un magazine
est cantonné aux boutiques spécialisées mais
ça n'a rien de problématique. Faut juste le savoir.
W : Certaines personnes préfèrent qualifier
JeB de « fanzine » plutôt que de revue, ceci
principalement à cause de son côté artisanal.
Peux-tu nous indiquer son tirage moyen ? Tu as des accords avec
un éditeur particulier ?
FB : C'est vrai que l'on est très loin
d'un magazine classique mais d'un autre côté on a
une liberté de ton qui est sans commune mesure avec ces
mêmes magazines. Bien sûr que je préfèrerais
avoir un numéro en couleur avec une superbe maquette. C'est
possible si l'on vend JEB à une vingtaine d'euros le numéro
?. Je pense que le fond est plus important que la forme. J'étais
content de lire G3 qui était aussi en noir & blanc
et toujours heureux de lire Counter qui n'a aucune illustration
à l'intérieur.
Chaque numéro se vend à environ 550 exemplaires
à sa sortie mais chaque numéro continue à
se vendre. Il y a un accord à l'année avec Descartes
et Days of Wonder pour la pub à la fin du numéro,
c'est tout. Les autres annonceurs à l'intérieur
de la revue sont libres d'arrêter la pub quand ils le souhaitent.
W : Je n’ai aucune idée du fonctionnement
d’une telle entreprise. Peux-tu m’éclairer
(si ce n’est pas indiscret) sur le budget ? le prix de revient
d’un numéro, la part des recettes de la publicité,
etc.. ?
FB : Un numéro coûte 1,5 euros
à imprimer et 1,4 euros à envoyer aux abonnés.
Il y a 250 euros de recettes publicitaires par numéro.
Le magazine est vendu 3,7 euros aux boutiques via Millennium,
le distributeur, qui prend 25 % de cette somme pour se rétribuer.
La TVA sur la revue est de 5,5%.
W : Des indiscrétions sur l’évolution
les objectifs à long terme de JeB ?
FB : L'idéal serait d'arriver à
une diffusion dans toutes les boutiques spécialisées.
Ni plus, ni moins.
"WANTED" :-) |
W : Revenons à toi, suiteà une
brève sur TricTrac, j’ai appris que tu faisais
partie du jury de l’IGA 2003 (International Gamer
Award) qui vient d’ailleurs (si je ne m’abuse)
de décerner son prix à Puerto Rico. Peux-tu
nous raconter comment tu as été contacté
et le fonctionnement de ce prix ?
FB : C'est Greg Schloesser, le responsable
de l'IGA qui ma contacté pour faire partie du jury.
Je ne sais pas comment j'ai été coopté
mais je suis très content d'y être tout comme
dans le jury du Jeu de l'Année.
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W : Pour finir, quel est le jeu qui t’a le plus
marqué ?
FB : Wizard sans aucun doute. J'ai accroché
tout de suite et j'y joue toujours régulièrement
depuis sa sortie. Ceci dit c'est loin d'être le meilleur
jeu que je connaisse mais je n'arrive pas à m'en lasser.
Et Knizia est l'auteur de jeux qui m'a définitivement convaincu
que les jeux allemands étaient les meilleurs.
W : Et tes jeux préférés du moment
?
FB : J'aime beaucoup Amun-Re et Coloretto et
toujours Carcassonne I & II. Mon grand regret est de ne pas
jouer aussi souvent que je le voudrais à Wallenstein.
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